Histoire & Patrimoine

Saint-Laurent du Maroni : une architecture et un patrimoine


Saint-Laurent du Maroni : une architecture et un patrimoine
La commune de Saint-Laurent du Maroni, forte d’une population de 35000 habitants aux origines multiculturelles, est située à l’ouest de la Guyane, au bord du fleuve Maroni qui fait frontière entre la France et le Surinam. Localisée à trente kilomètres de l’embouchure de la mer des Caraïbes, elle s’étend sur près de 4000 km2. Elle présente donc l’originalité d’être une ville de fleuve adossée à un immense territoire forestier.

La ville de Saint Laurent du Maroni est célèbre dans beaucoup de mémoires pour être devenue l’implantation principale du bagne en 1880, lorsqu’elle devient commune pénitentiaire par décret, plus de vingt ans après sa fondation en 1857-58.

Pourtant, l’histoire de la commune de Saint Laurent du Maroni ne remonte pas au temps du bagne, ni même à celui de la colonisation. Les premières occupations, attestées par des recherches archéologiques, remontent à 7000 ans et les sites archéologiques précolombiens, comme les roches gravées ou les champs surélevés, marquent le paysage.

La richesse et la diversité patrimoniales de Saint-Laurent du Maroni se manifestent dans plusieurs domaines :

LE CAMP DE LA TRANSPORTATION
Classé monument historique en 1987 puis en totalité en 1994, il est depuis l’objet d’une réhabilitation. Autour de Saint-Laurent du Maroni, l’administration pénitentiaire avait créé de nombreuses implantations secondaires dont il subsiste peu de choses. Certaines ruines sont encore visibles au milieu de la forêt.


UN PATRIMOINE BATI DIVERSIFIE
L’administration coloniale et la présence de l’administration pénitentiaire dans la ville entraînent la construction d’édifices officiels, de logements pour les fonctionnaires et de maisons d’habitation pour la population civile et façonnent également l’urbanisme de la ville.
Le patrimoine bâti présente une double caractéristique issue de l’architecture coloniale de la France et de l’architecture créole.


QUATRE TYPES ARCHITECTURAUX SUBSISTENT
- les petites “ cases bois ” : maisons entièrement en bois constituées d’un modeste rez-de-chaussée sur plots de brique, ne comportant que deux pièces, les dépendances étant placées dans la cour arrière.
- les maisons de bois à un étage avec galerie de distribution en façade arrière, comme les maisons créoles de Cayenne.
- les maisons à étage en maçonnerie.
- les maisons de rez-de-chaussée en maçonnerie et étage en bois.

UN URBANISME ORIGINAL
Le deuxième élément remarquable de cet héritage est l’urbanisme particulier qui juxtapose quartier officiel et quartier colonial, avec en marge le camp et les implantations secondaires comme les installations industrielles.
Chacun de ces quartiers est lui-même marqué par un plan particulier, triangulaire tourné vers le fleuve pour le quartier officiel, orthogonal tourné vers les terres à défricher pour le quartier colonial.
Ces règles urbaines sont la conséquence tant des réalités de terrains- courbe du fleuve, terrains inondables à l'Est et au sud- que de la volonté de créer à l'époque un modèle urbain exemplaire- plan orthogonal, rues larges plantées d'arbres et bordées de fossés en briques qui permettent une bonne évacuation des eaux.


UN PATRIMOINE IMMATERIEL
Au fil des siècles le territoire de Saint Laurent du Maroni devient une zone importante de passage et d’implantation : les populations amérindiennes d’abord, dont plusieurs ethnonymes nous sont livrés dans les chroniques coloniales avant qu’au XIXème et XXème siècle ne prédominent les Kali’na (qui appartiennent à la famille linguistique Caraïbe) et les Lokono (famille Arawak) ; les populations noires marrons ensuite, composées d’anciens esclaves africains en fuite des plantations surinamiennes ; puis les Européens, Africains et Asiatiques qui arrivent dans le sillage du bagne ; les Antillais et les Brésiliens, enfin, attirés par le mythe toujours vivace de l’El Dorado et de ses rivières d’or.
Cette mosaïque de communautés a enrichi Saint Laurent du Maroni d’un patrimoine immatériel - danse, contes, musique, vêtements traditionnels- qui reste très vivant dans la vie quotidienne de la cité, qui sait le perpétuer en même temps qu’elle le réinvente dans la modernité, notamment grâce au dynamisme des nombreuses associations culturelles.
Enfin, les populations qui n’ont cessé de migrer à travers le territoire lèguent un patrimoine attaché à ses racines et en constante évolution.


UN PATRIMOINE INDUSTRIEL
Saint-Laurent possède la dernière rhumerie de Guyane qui a survécu grâce à la production d’un rhum de qualité. Pourtant l’industrie sucrière fut une des plus importantes de Guyane au XIXe siècle laissant un patrimoine industriel encore méconnu. Par ailleurs, les infra structures mises en place à l’occasion de la création du chemin de fer sont encore très présentes sur le territoire de la commune.


UN PATRIMOINE NATUREL
La commune de Saint Laurent du Maroni possède un vaste territoire de forêt qu’elle cherche à protéger. La ville, enclave entre le fleuve et la forêt, possède un rapport très fort avec son environnement, qu’elle veut préserver tant à l’intérieur de son périmètre urbain que sur l’ensemble de son territoire.

C’est tout ce patrimoine, si bien préservé, que la ville de Saint Laurent du Maroni a entrepris depuis plus de vingt ans de mettre en valeur et de se réapproprier.
Le patrimoine architectural notamment a fait l’objet des plus grands investissements. Très lié aux heures noires du bagne, il avait été rejeté par la population au lendemain de la fermeture de celui-ci.

Rédigé le Lundi 28 Janvier 2008 - Service de la Communication

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