
Madame la Ministre,
Le samedi 30 juin dernier, lors de la foire artisanale de l’Ouest, des agents de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, accompagnés de douaniers sont intervenus pour saisir des objets traditionnels amérindiens et engager auprès du procureur de la république une procédure à l’encontre des artisans propriétaires.
Cette intervention qui dans sa forme, révèle un état d’esprit que l’on croyait appartenir au passé, illustre au fond, tant l’inconsistance des politiques de protection de la biodiversité à l’œuvre en Guyane que l’inadaptation fondamentale des objectifs de développement durable poursuivis sur notre territoire.
En effet, l’opération de police qui s’est déroulée sur une place publique, sans que les organisateurs soient informés de la démarche, alors que l’objectif principal de la foire artisanale était précisément de mettre en lumière la qualité de l’artisanat traditionnel, a transformé en délinquant, des habitants respectés par la communauté et porteur de savoir-faire traditionnels reconnus.
En ce qui concerne l’efficacité de ce type de saisies, il sera particulièrement difficile de faire croire qu’une communauté autochtone qui a su préserver son environnement pendant plusieurs siècles constitue aujourd’hui une menace pour la préservation des espèces alors , que par ailleurs, l’échec en matière de lutte contre l’orpaillage clandestin est patent et que les ravages causés par les garimpeiros, y compris en matière de chasse, sont avérés.
Par ailleurs, si la Guyane est riche de sa biodiversité elle l’est également de sa population et les objectifs de développement durable et de préservation de la biodiversité, que nous soutenons au même titre que nos concitoyens européens, doivent davantage se décliner en programmes de développement qu’en actions répressives conduites dans l’ignorance des cultures et des traditions.
Cette malheureuse opération a provoqué la colère de la communauté amérindienne aujourd’hui regroupée pour lutter contre ce quelle estime être une atteinte à sa réputation et une remise en cause de ses traditions, a également contribué à dévaloriser un artisanat traditionnel qui représente non seulement une opportunité économique pour les producteurs mais également et surtout un pilier culturel indispensable à la communauté amérindienne.
Aussi, par ce courrier je souhaite, en ma qualité de premier magistrat de la Commune de Saint-Laurent du Maroni, à la fois relayer la parole d’administrés blessés, qui demandent, à minima, que les objets saisis soient restitués et attirer l’attention sur la nécessité de définir au plus tôt les termes d’un développement durable qui associe les guyanais dans leur diversité et leur singularité.
Je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma considération distinguée.
Léon Bertrand, Maire de Saint-Laurent du Maroni
Saint-Laurent du Maroni, le vendredi 06 juillet 2012
Le samedi 30 juin dernier, lors de la foire artisanale de l’Ouest, des agents de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, accompagnés de douaniers sont intervenus pour saisir des objets traditionnels amérindiens et engager auprès du procureur de la république une procédure à l’encontre des artisans propriétaires.
Cette intervention qui dans sa forme, révèle un état d’esprit que l’on croyait appartenir au passé, illustre au fond, tant l’inconsistance des politiques de protection de la biodiversité à l’œuvre en Guyane que l’inadaptation fondamentale des objectifs de développement durable poursuivis sur notre territoire.
En effet, l’opération de police qui s’est déroulée sur une place publique, sans que les organisateurs soient informés de la démarche, alors que l’objectif principal de la foire artisanale était précisément de mettre en lumière la qualité de l’artisanat traditionnel, a transformé en délinquant, des habitants respectés par la communauté et porteur de savoir-faire traditionnels reconnus.
En ce qui concerne l’efficacité de ce type de saisies, il sera particulièrement difficile de faire croire qu’une communauté autochtone qui a su préserver son environnement pendant plusieurs siècles constitue aujourd’hui une menace pour la préservation des espèces alors , que par ailleurs, l’échec en matière de lutte contre l’orpaillage clandestin est patent et que les ravages causés par les garimpeiros, y compris en matière de chasse, sont avérés.
Par ailleurs, si la Guyane est riche de sa biodiversité elle l’est également de sa population et les objectifs de développement durable et de préservation de la biodiversité, que nous soutenons au même titre que nos concitoyens européens, doivent davantage se décliner en programmes de développement qu’en actions répressives conduites dans l’ignorance des cultures et des traditions.
Cette malheureuse opération a provoqué la colère de la communauté amérindienne aujourd’hui regroupée pour lutter contre ce quelle estime être une atteinte à sa réputation et une remise en cause de ses traditions, a également contribué à dévaloriser un artisanat traditionnel qui représente non seulement une opportunité économique pour les producteurs mais également et surtout un pilier culturel indispensable à la communauté amérindienne.
Aussi, par ce courrier je souhaite, en ma qualité de premier magistrat de la Commune de Saint-Laurent du Maroni, à la fois relayer la parole d’administrés blessés, qui demandent, à minima, que les objets saisis soient restitués et attirer l’attention sur la nécessité de définir au plus tôt les termes d’un développement durable qui associe les guyanais dans leur diversité et leur singularité.
Je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma considération distinguée.
Léon Bertrand, Maire de Saint-Laurent du Maroni
Saint-Laurent du Maroni, le vendredi 06 juillet 2012